C'est l'hiver. Certain(e)s
d'entre vous vont venir, ou pas, passer quelques jours de vacances bien
méritées à la montagne pour s'adonner, ou pas, aux joies(j'ajouterais bien un 3ème "ou pas" ici, mais j'ai peur d'être redondante)des sports d'hiver.
Cet article vous est dédicacé. Et aux autres aussi. Pas de jaloux!
C'est en faisant le ménage ce matin midi (le matin, il fait -9,5°C, c'est un peu trop intense), que m'est venue l'idée de ce billet.
Qui
dit ménage, dit aération, fenêtres grandes ouvertes, même si le
thermomètre claironne qu'il fait encore frisquet (-6,8°C). C'est magique, en
hiver, il faut moins de dix minutes pour que toute la maison sente bon.
J'aime
sentir l'odeur si particulière de l'air pur de l'hiver en altitude. Je
sais, dit comme ça, ça paraît vraiment nouille. Mais il y a
effectivement, une odeur, une qualité toute particulière de l'air.
Quand
tu t'es tapé des heures de bouchons pour monter en station, que tu
descends de ta voiture avec l'odeur du gasoil qui te file la nausée
depuis le premier virage, 25 km plus bas, tu ne te rends pas bien compte
de ce que je raconte.
Alors tu files dans la queue. Ta nausée,
qui commençait à disparaitre, est ravivée par l'odeur écœurante des
chouchous qu'un forain grille au bas des pistes. Ouf! tu atteins la
télécabine, tu penses pouvoir respirer... mais ça sent le renfermé,
l'humidité et une vague odeur de pieds.
Le télésiège ne te sauvera pas, odeurs combinées de métal rouillé et de graisse mécanique...
S'il
fait beau, tu te tartines de crème solaire, une odeur de plus. S'il
fait mauvais, tu rabats sur ton visage une protection vestimentaire et
tu suffoques, le nez dans ton écharpe.
La terrasse du restaurant d'altitude complètera le tableau olfactif : graillon et reblochon.
STOP! Fais-toi du bien, fais-toi plaisir. Fais-moi plaisir.
Le
matin, avant l'arrivée des voitures sur les parkings, ou le soir, après
leur départ, prends le temps de faire quelques pas de côté, loin des
galeries marchandes, loin du supermarché, loin de la piscine, de la
patinoire, du bowling ou du cinéma.
Quand tu auras trouvé un petit
coin tranquille, prends le temps de respirer. Ce n'est pas toujours
confortable au début, l'air glacial fera peut-être geler l'entrée de tes
narines... Puis ton corps va s'habituer. Et là, tu sentiras cette odeur
hivernale inimitable et tu penseras peut-être à moi avec un sourire...
C'est l'endroit où il conviendrait d'insérer une jolie chanson pour illustrer les propos précédents. J'ai bien pensé aux Allobroges, dont les paroles du refrain sont tout à fait appropriées, mais je préfère te laisser "la Liberté, la Liberté"!! Et tant que j'en suis à te donner des conseils, si tu n'as pas froid aux yeux, choisis d'écouter la version d'Armand Mestral!
Dans chacune de mes classes, il y a un moment de prise de parole libre, inspiré du "Quoi de neuf" de la pédagogie Freinet. Le principe en est le suivant : le matin, les élèves qui le souhaitent, s'inscrivent au tableau, et en début d'après-midi, ils peuvent présenter un objet, raconter une anecdote ou partager une lecture. S'en suit un échange oral avec toute la classe. L'objectif est de favoriser l'expression orale, bien sûr, mais surtout d'enrichir les activités scolaires avec des supports variés apportés par les enfants. Souvent, je profite de ce que les élèves apportent pour démarrer une séquence de travail, tant il est plus facile pour moi, et plus intéressant pour eux, de partir de leur propre curiosité et de leur envie d'apprendre!
Ce vendredi-là, tu as inscrit ton nom sur le tableau. Je revois même ta signature, ta façon maladroite de tracer le X de ton prénom comme une croix barrant presque les autres lettres...
Il faut dire que tu es si jeune. Six ans à peine. C'est l'année de ton CP. Cette classe, je ne la connais pas très bien. Je suis la remplaçante de l'enseignante partie en congé de maternité. Mais depuis quelques semaines que je suis là, j'ai déjà repéré ta famille.
Tes deux sœurs, scolarisées dans les classes voisines, gamines trop vite poussées et mal fagotées.
L'aînée effacée, timide.
La cadette provocatrice, toujours impliquée dans les embrouilles de cour de récré.
Ta maman, frêle, pâle et l'air maladif. J'ai toujours l'impression qu'elle vacille, qu'elle va tomber.*
D'ailleurs, elle dit être tombée dans les escaliers et elle se présente au portail avec des lunettes de soleil. En plein hiver, dans la grisaille de la banlieue lyonnaise.
Quand elle les quitte, au bout de quelques jours, l'épais maquillage ne cache pas tout à fait l'arc-en-ciel d'un hématome qui s'estompe...
Ton père, enfin. Je l'ai rencontré la semaine précédente. Bourru, embarrassé et visiblement mal à l'aise d'avoir à s'occuper des enfants, il est venu m'expliquer que ta mère avait été hospitalisée suite à une hémorragie due à une grossesse extra-utérine. Il voulait juste me dire que tu resterais à la cantine pendant toute l'absence de ta maman.
Toi, tu es le petit dernier.
Je ne t'entends pas beaucoup d'habitude. Tu n'es pas de ceux qui prennent la parole tout le temps. Tu es le petit gars tranquille qui s'applique mais qui "rame" un peu... La lecture du soir n'est pas toujours maîtrisée, les poésies pas sues... Du coup, tu essaies de ne pas te faire trop remarquer. Tu sursautes à chaque fois que je t'interroge. Tu es tout surpris de savoir répondre aux questions.
Tu n'oses pas vraiment te laisser entrainer dans les espiègleries des copains... qui, de fait, ne sont pas tendres avec toi et te provoquent souvent.
Tu es un drôle de petit fantôme, en fin de compte.
Alors ton nom au tableau, ce matin-là, c'est une première.
Tu passes la matinée comme d'habitude, enfin, je suppose. Parce que j'ai oublié. Parce que je n'ai rien remarqué.
13h30, le "quoi de neuf" commence.
Ta camarade a perdu sa première dent et veut montrer le trou dans son sourire.
Le suivant présente la cassette vidéo d'un épisode de Tintin.
Deux autres continuent et présentent des jouets. Je ne me souviens plus bien, mais c'étaient des "pogs" ou des "crados", enfin des trucs de cour de récré de cette époque-là.
On a encore droit à une anecdote de poney.
Et c'est ton tour.
Tu sembles hésiter avant de te lever, puis dans un élan décidé, tu te places devant le tableau et tu racontes avec tes mots d'enfant, sans oublier aucun détail cru, comment ton père viole ta sœur aînée sur le canapé du salon, tous les soirs depuis que maman est à l'hôpital.
Ton récit fini, tu retournes à ta place.
Le suivant, ou la suivante, se lève et raconte son anecdote d'enfant de CP. CP, l'année des dents qui tombent et de la petite souris; des jouets
et des cartes que l'on s'échange à la récré; des exploits à la corde à
sauter ou au judo; des dessins pour la maîtresse, avec des
cœurs et des fleurs; des premiers drames ("c'est plus ma copine" ou "il
m'a traité"), mais aussi des premières vraies amitiés racontées avec des
étoiles dans les yeux...
Je suis sonnée. Écœurée.
Ne sachant ni quoi, ni comment faire, je décide de sonner la récré.
La récré à cette heure-ci? C'est incongru. Les enfants ne bougent pas.
Je les brusque. Allez, tout le monde dehors.
J'ai besoin de respirer. J'ai sûrement dû prendre une grande goulée d'air, d'ailleurs. Dans ce petit village qui s'est transformé en banlieue rurbaine et chic de Lyon, on a rajouté des préfabriqués autour de la cour d'école. Je quitte celui qui abrite ma classe pour aller frapper dans le bâtiment d'à côté où se trouve le directeur. Il est aussi l'instituteur du CM2 et de la sœur aînée. (Au CM2, les enfants ont dix ans.)
Mon collègue est en pleine leçon de grammaire. Il ne comprend pas que je le dérange. Si c'est une urgence, pourquoi ne dis-je rien devant toute la classe? Et où sont mes élèves? (On ne doit jamais laisser les élèves seuls, en cas d'urgence, il est d'usage d'envoyer deux enfants "messagers" chercher un autre adulte.)
J'insiste pour le faire sortir dans le couloir où je lui répète mot pour mot ce que je viens d'entendre. Je le vois se décomposer. Puis il retourne dans sa classe. Que va-t-il faire?
Ses élèves, comme les miens, ont un moment de stupeur quand leur maître décrète d'une voix blanche que c'est la récré.
Je me souviens être retournée surveiller tout le monde dehors.
Je me souviens que le directeur est resté absent un long moment et qu'il a réapparu avec une tasse d'un breuvage chaud pour moi.
Ce jour-là, par chance, la médecin scolaire était présente dans l'école. Elle a tout de suite interrompu la visite médicale en cours pour s'occuper des deux enfants. Elle a même pu faire des premières constatations médicales sur la petite fille.
Nous sommes restés tard à l'école ce vendredi-là, après avoir saisi le procureur, répondu aux gendarmes, signé nos dépositions.
Je me souviens que les trois enfants étaient absents le lundi matin suivant. Et le lendemain aussi. Sans nouvelles, les enseignants s'inquiètent. Mais dans ce contexte, nous étions plutôt rassurés.
Notre signalement avait dû être suivi d'effet, pensions-nous. Les enfants avaient certainement été placés en urgence dans le cours du week-end. Sans aucun doute, le service d'aide à l'enfance contacterait bientôt l'école.
C'est le jeudi, quand les gendarmes se sont présentés avec les éducateurs pour venir chercher les enfants afin de les placer en sécurité dans une famille d'accueil, que nous avons tous compris que quelque chose avait dérapé.
Cette famille avait déménagé. Disparue, envolée. On n'en a plus jamais entendu parler. Le père n'a pas été poursuivi.
J'aurais pu arrêter les "quoi de neuf"... mais j'ai continué. Au fil des ans, j'ai entendu le petit M., 5 ans, en grande section de maternelle, raconter comment son père balançait le poste de télé par la fenêtre quand il était fâché. Et j'ai entendu la petite K., 7 ans, expliquer comment elle dormait avec sa mère qui gardait un grand couteau dans le lit pour se protéger du père. D'autres aussi, ont dit leur expérience quotidienne de la violence. Tous n'ont pas raconté des choses donnant lieu à signalement...
Pour toi, lecteur, je précise que ces enfants de passage, je les ai croisés dans tous les milieux sociaux et culturels.
*Dans mon souvenir, j'associe l'image de cette femme à celle de Piaf...
Et depuis septembre, tu es dans ma classe. Assis au premier rang. Sans cesse, je te cherche du regard.
Tu es insaisissable.
Tel un souffle de vent, tu t'échappes, tu tourbillonnes. Un instant ici, l'autre déjà loin, ailleurs.
Je dois rendre lundi un imprimé très détaillé et très officiel qui décrit ton comportement à l'école. Comment te résumer dans ces petites cases étroites? Toi, le fils du vent! Peut-on t’attraper, te décrire? Comment résumer tes pensées et tes angoisses qui transparaissent
parfois dans ce que tu dis? Comment dire la richesse de ton
imagination? Comment avoir le temps de t'entendre, toi qui souffles à contre-temps?
Face à toi, fils du vent, pas de chance si on essaye d'être l'adulte solide comme le chêne, tu t'enfuis ou bien tu bouscules. Tu ébranles les certitudes. Jusqu'à présent, l’École n'a pas toujours su se laisser traverser par ton grand coup de vent frais...
Face à toi, fils du vent, mieux vaut essayer d'être le roseau qui plie et se laisse caresser. Comment dire l'intimité que tu crées quand tu te laisses
aller à caresser l'ongle de mon pouce, dans un geste compulsif de
tout-petit?
J'essaye de construire une passerelle pour aller vers toi. Tâche peu aisée dans les rafales. Le fil qui nous relie me semble être celui d'une araignée, invisible, ténu.
J'ai la sensation d'être une exploratrice en terre inconnue. Rien, dans ton paysage, ne ressemble à ce que j'ai pu connaître ailleurs. J'ai donné cette image à ton papa, lui suggérant de se mettre dans la peau d'un explorateur lui aussi... Comment faire bonne figure face à ce grand gaillard aux yeux soudain embrumés? Comment (re)construire la confiance que tes parents ont perdue?
Beaucoup de questions dans ce qui précède, les doutes que j'essaye de formuler pour m'éviter de m'enfermer dans des certitudes.
Et pour éviter de t'enfermer dans des cases que l’Éducation Nationale fige trop souvent pour trop longtemps.
Des questions, mais aussi le plaisir d'être au quotidien, l'exploratrice, le roseau, la tête folle dans le vent...
Quand j'allume mon ordinateur, j'aime ouvrir les marque-pages dans des dizaines d'onglets que je referme un à un, si rien n'accroche mon intérêt. J'ai l'impression de feuilleter un magazine que je me serais créé sur mesure. J'ai beaucoup fréquenté les sites, blogs et réseaux l'année dernière. J'y ai trouvé
du confort et même du réconfort, surtout sur Twi**er.
Souvent je surfe "en sous-marin", je lis mais je ne me manifeste pas. We're only like ships that pass in the night,
comme disent les Anglais, grands navigateurs.
Cet été, j'ai eu une overdose. Trop de virtuel. Pas assez de réel. Pas assez de temps pour lire des romans. Pas assez de temps pour faire plus que se frôler. J'ai eu l'impression de jouer à cache-cache. Cache-cache avec toi, mais surtout avec moi-même.
La rentrée, 20 nouveaux petits élèves à rencontrer. 20 des neuf milliards de continents de Pernelle vers lesquels j'ai envoyé des passerelles.
Et depuis peu, l'envie est revenue de revenir par ici. De tisser des passerelles virtuelles.
J'ai déjà dit comment ce monde s'est ouvert à moi dans une période particulière de ma vie. Depuis, certains sites ont disparus et d'autres ont fait leur apparition.
J'aime qu'on me propose des liens sur les sites que je fréquente, je partage donc une partie des miens dans la liste de droite.
J'en ai profité pour faire un peu de rangement sur le blog en regroupant les articles par libellés.
Certes, nous ne faisons que
nous croiser, nous frôler. Mais j'aime sentir ta chaleur.
Dans cette phase de ma vie où je cherche à colmater mes plus grosses fêlures et à me retrouver, je me surprends à replonger dans des vieux travers d'adolescente qui scrute son reflet dans les vitrines, et son image sur les photographies...
J'ai reçu hier les photos de vacances. Je ne m'y suis pas reconnue.
Il me semble lire sur mon visage le chagrin qui me quitte lentement pourtant. J'aurais aimé que l'on ne puisse lire dans les rides de mon visage que des moments heureux...
Sur les photos, mes kilos ont disparu quand j'affronte les vagues.
Je me suis trouvée belle.
Chaque année, la valse des confitures se déroule selon une partition bien
rodée.
Un galop d'essai au printemps avec les fraises et la rhubarbe, puis juillet
arrive, apportant dans mon jardin d'abord les cerises, puis le cassis et
les groseilles et souvent un rab de rhubarbe. Je conclus la production
estivale avec les abricots ramassés dans la vallée toute
proche. J'y consacre avec plaisir des moments de mes "grandes
vacances". C'est devenu un rituel.
L'odeur de la gelée de cassis dans la cuisine aujourd'hui a agit comme une madeleine de Proust...
Il y a trois ans, je t'écrivais ceci.
L'endroit où je me trouvais était si sombre que je ne savais plus distinguer ce que j'avais fait comme confitures.
Les pots furent étiquetés comme ceci :
"Cassis 2011, peut-être"
"Groseilles 2011, peut-être"
"Cassis 2011, c'est sûr"...
Cette illustration n'a pas grand chose à voir... Encore que. C'est un très beau récit de passage de l'enfance à l'âge adulte. Avec de l'émancipation dedans, ça ne gâche rien! Si vous ne l'avez pas déjà fait, précipitez-vous pour lire Marjane Satrapi.
Tu es arrivé hier. Pas sans frapper, au contraire, mais je ne t'avais pas entendu. Enfin, je n'étais pas sûre. Je suis descendue pour voir et je t'ai aperçu par la fenêtre du salon.
Je n'ai pas reconnu la frêle silhouette d'adolescent, le coupe-vent noir, la capuche rabattue, serrée autour du visage, barrage dérisoire contre la pluie battante, les mèches de cheveux trempées collées sur le front. Je n'ai pas reconnu le regard furtif, presque apeuré... ou était-ce de la surprise?
En ouvrant la porte, je m'apprêtais à questionner et rembarrer un importun.
Et je t'ai reconnu.
Avec toi, les souvenirs sont arrivés. Tout dans ton attitude et ta présence m'a rappelé le passé.
J'ai reconnu l'enfant à ta façon de quitter tes chaussures boueuses sur le paillasson, ton embarras à me surprendre dans mes habits de chantier, ta réserve avant d'accepter un coup à boire puis ton empressement à te servir un sirop de menthe et manger un bon goûter...
Je me rappelle des trajets que nous faisions ensemble quand je t'emmenais à l'école. On parlait de ton chat, de tes leçons, de ta famille, de tes copains, des vacances... Quels autres sujets auraient pu convenir entre un garçon de dix ans et la mère de son copain d'enfance? Hier aussi, les études, les projets de vacances, la famille et les animaux...
J'ai reconnu l'adolescent, impulsif, tête-brulée, perdu, fragile et ténébreux. Comment ne le serais-tu pas, toi qui avait essayé d'en finir alors que tu n'étais pas encore un "teenager"? Toi qui a vu mourir ton meilleur ami?
Toi qui a survécu.
Je me suis souvenue d'avoir essayé de trouver des mots quand tu m'avais confié ton mal-être, osant pleurer et refusant de toutes tes forces le collège privé où tes parents t'avaient inscrit...
Je me suis rappelée du moment où tu étais tombé du trampoline, créant la panique chez tes copains affolés devant ta perte de connaissance...
Et ce jour, le lendemain de l'avalanche, où pour te sortir de l'abîme, je t'ai secoué, physiquement, devant tes parents impuissants. J'aurais même été jusqu'à te mettre un coup de boule si tu n'avais pas réagi...
J'ai reconnu l'homme aussi. Celui qui a réussi à se dégager, à trouver le courage moral et physique d'aller chercher les secours.
Celui à qui j'ai osé conseiller de faire ses propres choix. De se dégager du poids des convenances. D'apprendre à prendre de la distance vis-à-vis d'une famille aux interactions toxiques. D'oser vivre.
Avec l'homme, j'ai parlé du jour où mon fils est mort. Du capitaine des secours en montagne qui a vu sa vie changer ce jour-là, lui aussi. (Il me l'a confié depuis...) Hier aussi, des mots. Pour dire combien je suis heureuse de te voir grandir, de te voir faire des projets. Des mots pour dire le souvenir aussi. Et le chagrin. Des mots que je te dis et que tu viens entendre.
The only time you should ever look back, is to see how far you've come.
Si je devais avoir une devise, ce serait "My home is clean enough to be healthy and dirty enough to be happy" souvent amendée en "Instead of cleaning the house, I just turn off the lights"....
Force m'est de constater, à mon grand regret, hélas, que les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse et peuvent même m'inciter à une profonde méditation... Va comprendre!
Je ne ferai pas de psy de bazar en disant que ça fait du bien de pouvoir remettre de l'ordre dans la maison quand c'est le bordel total dans ma tête...
Non, ce qui m'arrive est plus prosaïque. Occuper mes mains, c'est libérer ma tête.
Certes je préfère pratiquer des activités créatrices que j'aime, mais qui dit création, dit que l'esprit n'est pas tout à fait libre de vagabonder...
Or donc, c'est en pliant du linge hier soir (oui, ici on ne beurre pas de sandwiches à toute heure...) que mon esprit a vagabondé de la sorte.
Sans prévenir, sont apparues les amies, copines et relations et les sentiments que je leur porte.
J'ai écrit ici combien les relations humaines m'enrichissent.
Mais ce n'est pas toujours le cas et on ne peut pas éviter toutes les interactions. Certaines sont neutres, d'autres laissent des cicatrices.
Relations...
Téléphoner le lendemain de l'avalanche aux parents du jeune homme qui a fait deux arrêts cardiaques pour prendre de ses nouvelles. Ne recevoir ni remerciements pour cela, ni condoléances pour le reste...
Recevoir leur fils le jour suivant alors qu'il sortait à peine de l'hôpital et qu'il ne tenait pas debout... Seul. Son père n'a pas daigné (osé?) entrer et l'a déposé à notre porte.
Croiser très régulièrement ce monsieur qui me salue en me faisant la bise puis m'ignore dans l'assemblée... Je le lui rend bien!
Relations...
Est-ce encore une copine celle qui se plaint encore & toujours? Son fils a été pris lui aussi dans l'avalanche qui a tué le mien. Il s'en est sorti. Elle vient d'avoir une petite-fille. Et pourtant, éternelle insatisfaite, elle ressasse sans cesse la complainte de ses malheurs... Je reçois ses enfants mais, elle, non, je ne la vois plus.
Que dire de celle qui n'avait jamais répondu à mes invitations avant,
et qui du jour au lendemain, s'est imposée dans mon intimité, me
couvrant de cadeaux et d'attentions au moment où j'étais la plus
vulnérable? Heureusement, j'ai retrouvé ma lucidité rapidement et depuis, je tiens la vampire à distance...
Et la copine qui n'arrive pas à se réjouir du fait que sa fille se sente bien avec son père et se plaint de ne pas la voir un week-end sur deux? "Tu ne sais pas ce que c'est, c'est super dur de voir la chambre vide". Si, si, je comprends... Surtout quand la chambre reste vide à jamais.
Relations...
Je suis bien obligée de parler à l'employée de mairie qui s'est trompée de concession, et dont l'erreur a impliqué d'exhumer et de ré-inhumer une personne et a transformé la tombe de mon fils en parterre boueux... Mais ça serait franchement plus facile de m'adresser à elle, si elle avait eu la décence de nous présenter des excuses! Sa hiérarchie ne l'a pas fait non plus...
Relations...
Relier. Tisser des liens mais les couper aussi. Pour me préserver. Et je ne m'en suis pas privée!
Je préfère garder "tout près de mon cœur" (close to my heart) mes autres relations, les belles, les douces, les lumineuses, celles qui réchauffent et qui me font du bien. L'amie, sur le banc, au soleil, hier après-midi. Confidences, coups de cœur et coups de rage... Copines, certaines se sont révélées, d'autres sont apparues notamment dans le monde virtuel ... Demain, j'ai la chance d'aller à la rencontre d'une de ces copines-là... La promesse d'une belle amitié!
Me sentir tellement mal que je n'ose pas affronter mes propres pensées
Tenter maladroitement de faire taire ma petite voix intérieure en allant voir les vies des autres
Voir des films, des émissions débiles
M'abrutir
Me perdre
Attraper un livre comme j'attraperais une bouée de secours
Me remettre à lire
Trébucher
Recommencer à la page précédente ou celle d'avant
Lire
Faire un tour de France virtuel quotidiennement ou presque Auvergne, Anjou, Picardie, Alsace, Ain, Dauphiné, Bretagne, Aquitaine , Provence, et ailleurs Et encore ailleurs...
Visiter les espaces des autres sans avoir l'énergie de seulement y laisser un bonjour
Ne pas trouver des mots qui feraient plaisir aux auteures
Les lire furtivement
Partir
Revenir
Lire
Lire les voeux qui me sont adressés pour mon anniversaire
Ne pas trouver les mots pour remercier
Me contenter de laisser des messages à des répondeurs
Lire
Ne plus passer mon temps à me perdre
Lire
Me sentir suffisamment bien pour laisser la porte ouverte à mes pensées et mes sentiments
Avoir envie de les écrire
Juger ce que je viens d'écrire avec indulgence
I often wonder why I read other blogs.
Some stories are so intimate, I feel like I'm reading somebody's diary or spying on them.
Some others are so meaningless... It often drives me crazy to see that some people worry about such little details of their lives when others need to write in order not to let go.
I wonder why you read my blog.
I know why I write.
Some things are so hard to tell, so difficult to recieve. It seems easier to share with total strangers. All there is to do is to send some words in the void...
To infinity and beyond!
Tonight I don't want to play anymore.
I want a friend who could hold me tight in a warm and endless embrace.
Septembre 1990, Paris, quartier de la Goutte d'Or.
Tu viens d'être jetée dans la classe par une femme en colère. Tu es la première arrivée. C'est le premier jour de classe et c'est ma première rentrée en tant que titulaire. Le sentiment de panique de ce premier matin est encore là. J'attends la vague des arrivées, je sais que je vais vite être entraînée dans un rythme de dingue. Bref, c'est la rentré à l'école maternelle.
Je m'accroupis vers toi et je te demande ton nom. Tout ce que je vois c'est deux grands yeux, ton regard croise à peine le mien. Je remarque tes boucles emmêlées, pas coiffées. Tu n'as pas du être débarbouillée non plus, mais tu portes des beaux habits, visiblement tous neufs.
J'essaye de savoir qui tu es, où est l'adulte qui t'a accompagnée. J'ose te demander où est ta maman. Tu me montres du doigt la femme qui cajole un garçon de l'autre côté du couloir. Elle semble douce et câline avec lui. Je te demande si c'est ton frère. Je dois me contenter d'un imperceptible hochement de tête en guise d’acquiescement.
Tu restes près de moi. Tu es si proche que je sens la chaleur de ton petit corps le long de ma jambe. Mais tu ne me touches pas. Je ne sais toujours pas ton nom.
Je continue à accueillir de mon mieux tes camarades. 27 élèves de moyenne et grande section, ils ont entre quatre et cinq ans. 18 nationalités. Quatre des cinq continents sont représentés.
La classe bruisse, frémit. C'est un tourbillon d'enfants, de parents, d'informations, de cris, de rires et de pleurs en tous genres. Puis les adultes se retirent peu à peu, les enfants papillonnent moins, prennent tranquillement leurs aises. Les couloirs sont moins bruyants, on n'entend plus les cris des petits dont c'est la première rentrée, juste des pleurs, enfin, un tout petit peu... L'école s’apaise. On va pouvoir commencer.
C'est ce moment que choisit ta mère pour se présenter à la porte de la classe. Le visage dur, fermé. Je revois la femme en colère que j'avais presque déjà oubliée. En un seul souffle, elle me dit que tu vas partir à 10 H avec un taxi qui te conduira à l'hôpital de jour parce que tu es "mauvaise".
Elle repart en tournant les talons sans que je n'aie trouvé grand chose à lui répondre. Je ne la verrai que en colère. Pendant toute l'année scolaire.
Tu es restée à mon côté. Je ne sais toujours pas ton nom, enfin, je l'ai déduit de ma liste, mais personne ne t'a nommée.
Ta mère partie, tu te diriges tout droit vers un pan de mur vide et tu te tapes la tête contre le mur.
C'est ta première crise de l’année, ce ne sera pas la dernière.
Toujours le même schéma. Un débordement verbal, l'agressivité de ta mère.
Le mur.
Le son de ta tête qui cogne.
J'apprendrai vite à te prendre dans un petit groupe à l'accueil. Tu arrives seule presque chaque matin, alors j'en profite pour m'asseoir avec toi pendant que ta mère accompagne ton frère dans la classe en face.
Quand elle vient dans la classe, je reste avec toi. Tu ne la regardes même pas. Toujours la même agressivité. Elle parle de toi comme de la personne responsable de tous ses malheurs, puis ayant "vidé son sac", elle s'en retourne.
Heureusement, elle se lasse. Ne vient plus. Ou alors ne dit rien ou que le minimum sur les changements d'horaires de l'hôpital, le quotidien...
Tes crises s'espacent.
L'année avance. Le travail avance. Le suivi avec l'équipe hospitalière qui s'occupe de toi...
J'apprends à connaître ton histoire, ta famille. Tu es la dernière d'une fratrie de quatre. Deux sœurs aînées, adolescentes qui t'accompagnent parfois, ton frère, un "grand" de cinq ans, à peine 12 mois de plus que toi. Ton père est malade, il ne travaille plus. Il reste complètement absent. Ta famille est aidée par les services sociaux et la protection de l'enfance.
Le travail avec toi avance aussi. Tu avances à ton rythme dans tes apprentissages de la moyenne section.
Je t'ai enfin entendue parler, après Noël. Pas à moi, ni à un camarade. Non. Mais tu parles aux poupées de la classe.
1991
L'année a commencé avec la guerre du Golfe. En janvier, je fais classe le jour et à 18h, avec les collègues, on part manifester contre l'implication de la France dans cette guerre. La nuit, le froid, les gaz lacrymogènes, les courses poursuites pour échapper aux CRS, les soirées passées à refaire le monde...
L'école est un lieu de paix. J'avance dans mon amour de ce métier. J'apprends. De tous ces enfants des quatre coins du monde, j'apprends la vie.
Printemps 1991
Ma classe est au deuxième étage, au fond du couloir.
Ce matin-là, j'entends une femme hurler depuis la porte d'entrée, puis dans la coursive du rez-de-chaussée, dans la cage d'escalier. Quand la voix arrive dans le couloir, je distingue enfin ce qu'elle crie : "Je vais lui couper les couilles! Je vais lui couper les couilles!"
Ta mère déboule dans la classe, elle est suivie du concierge et de la directrice, ainsi que d'une maman déléguée de parents. Tout le monde à l'air de vouloir s'interposer. Il y a du bruit, de la confusion. Elle continue à hurler. Mais qui veut-elle donc émasculer?
Je ne comprends rien. Je ne sais pas comment, tout à coup, elle n'est plus là, les autres personnes non plus. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé.
Et je ne sais pas où tu es.
La suite m'apportera les réponses. Ta mère s'explique dans le bureau de la directrice (elle ne s'est calmée que sous la menace de faire appel à la police).
La veille, ton frère, le seul homme valide de ta famille aux yeux de ta mère, ton frère de cinq ans, aurait fait une chute de la balançoire de la cour pendant que j'assurais la surveillance de la récréation. Il aurait été grièvement blessé aux testicules, sans que je ne daigne m'occuper de lui, ni que je ne m'aperçoive de quoi que se soit. Il est à l'hôpital où on doit l'opérer.
Son homme, son seul homme est émasculé, elle n'aura pas de descendance, elle veut se venger.
J'ai toujours pas compris... À qui veut-elle couper les couilles?
Ben, à mon mari, bien sûr, pour que moi non plus je n'aie pas de descendance...
Quand enfin je remonte dans ma classe, je te vois. Tu étais là?
Tu viens vers moi à la récréation et pour la première fois de l'année scolaire, tu t'adresses à moi.
Tu m'expliques avec force détails comment ton frère s'est blessé en chahutant sur les lits superposés à la maison, comment le docteur est venu, que non, ton frère n'était pas à l'hôpital, mais à la maison avec ton papa...
Tu as commencé à parler, tu ne t'arrêteras plus.
Je te découvre un formidable sens de l'auto-dérision (à quatre ans!) et beaucoup d'humour. Tes crises n'ont pas disparu, mais sont de plus en plus rares. Début d'été
Les récréations s'allongent, on est tellement bien dehors. Je suis assise et j'ai posé mes clés dans le creux de ma jupe.
Toi, tu joues plus loin, avec tes copines. C'est ta nouvelle conquête : aller vers les autres et partager leurs jeux. Tu t'es tellement épanouie que tu deviens même de plus en plus souvent une petite despote.
Aujourd'hui, ça ne loupe pas. La copine vient se plaindre que tu fais "la commandante".
Je te réprimande et te propose de retourner jouer, mais tu restes près de moi et je me demande pourquoi.
Te punis-tu?
Pas du tout. Tu fais la câline, la séductrice et tu joues avec les clés au creux de mes jambes.
- C'est tes clés, maîtresse?
- Oui.
- C'est la clé de ta maison?
- Non, c'est la clé de ma voiture.
- T'as une voiture à ton mari?
- Non, c'est ma voiture à moi.
- Tu conduis la voiture?
- Oui.
- Et ton mari, il veut?
- Oui, des fois, je conduis, des fois, c'est mon mari.
- Ma maman elle conduit pas. C'est mon papa. Elle dit que c'est que les papas.
- Qu'est-ce que tu en penses toi?
- ... Mon frère quand il sera grand, il aura une voiture pour conduire vite.
- Tu sais, quand tu seras grande, tu pourras conduire une voiture toi aussi si tu veux.
Ton sourire à ce moment-là, petite Meyriem, reste un des plus beaux cadeaux que j'ai reçu.
J'ai quitté la Goutte d'Or cet été-là.
Je pense souvent à ces enfants qui me furent confiés.
En ce moment où tellement de bêtises sont colportées sur l'école, j'ai eu envie de raconter cette histoire.
Mais je n'oublie pas les histoires des autres élèves de cette classe.
Catherine, 6 ans, enfant de Chine, qui travaillait avec ses parents, le soir, au restaurant familial et que je couchais chaque matin sur les coussins du coin bibliothèque où elle finissait sa nuit jusqu'à 11H20...
Aminata et Fanta, sœurs, mais on disait "cousines" (leur famille pensait que ça serait mal vu si on savait que le papa était polygame). Deux belles petites filles espiègles, toujours souriantes, même à 7h30 quand elles allaient à la corvée d'eau pour le squat, remplissant des bidons qu'elles portaient sur leur tête.
Vacances dans le pays d'origine de leur famille en avril (pour ne pas manquer l'école quand elles seraient au CP, c'était primordial pour leurs mamans qu'elles soient instruites).
Au retour, elles ne riaient plus, ne jouaient plus. On aurait dit deux chandelles qu'on a soufflées... Elles avaient été excisées.
Méhmet, Muhamad, Amara, Adama... Les garçons avaient leurs soucis aussi. Mais les filles subissaient une discrimination supplémentaire. Je ne suis pas sûre hélas, que ça ait changé.
Chaque jour depuis plus de 20 ans, j'enseigne à de futurs citoyens français les valeurs primordiales de respect, d'Égalité, de Fraternité et la Liberté.
J'espère juste que maintenant qu'ils sont adultes, parents à leur tour peut-être, ils ne se laissent pas séduire par les sirènes trompeuses de la bêtise et de la haine.
La charmeuse de serpents, Henri Rousseau - Musée d'Orsay - Reproduction trouvée ici
Certaines pensées me viennent plus spontanément en anglais. C'est un fait, c'est comme ça. Je sais que des gens me lisent en faisant l'effort de traduire. Merci. J'aurais aimé que ce blog puisse proposer une traduction automatique mais pour l'instant, je n'ai pas trouvé comment faire.* *C'est chose faite maintenant, il suffit de cliquer sur la langue de son choix dans la fenêtre à droite.
My grief is a wild animal.
I wish it were a lion, a tiger or a wolf.
I could face it, look straight into its eyes and fight back.
It isn't a wild beast, all panting and roaring. No. It's a wild animal that I can't see, nor hear.
At first, I thought I could break it. Like a young horse.
I lured myself in believing that patience, time and love would do the trick. I thought that after a few years, the animal wouldn't be as wild as it used to be. That I would be able to see it coming...
But I don't.
I had known from the first second that my grief would always be in my life. I never thought I could get rid of it. But I had hoped that I could managed to see my emotions coming.
I don't hear my grief. I don't smell my sorrow. I don't see my sadness.
Every once in a while, my grief overcomes everything. It comes uninvited, almost unexpected.
It sneaks into my life like a snake would crawl between my feet.
Don't go away... Wait! I know what I'll do.
I gonna learn to play the pungi ! And you will see how I'll deal with that snake of mine...
Comme le disait le Grand Bébert, "La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c'est l'humour."
Et il faut dire qu'il en connaissait un sacré rayon sur l'absolu, la relativité et le monde!
Quand tu commences dans la vie avec une mère qui ne sait pas qu'il faut nourrir une enfant de trois semaines avec un peu plus que de l'eau sucrée donnée à la petite cuillère.
Quand tu finis par dépérir suffisamment pour sombrer, avant que ton père ne te sauve in extrémis.
Et bien, il vaut mieux prendre les choses avec humour!! Puisque de toute façon, du haut de tes 28 jours, tu as déjà pigé vécu la vie, la mort, et la relativité de ces deux états...
L'humour et l'oubli.
Ou l'inverse, si tu préfères,
l'oubli et l'humour.
Mais la vie, cette chienne*, se charge de te rattraper.
Et te renvoyer ton cher passé dans la figure.
Des années de résilience, de l'oubli, de l'orgueil, et de l'humour.
Des grands chambardements (un mariage, des fausses couches et des naissances, des morts), de la résilience, de l'oubli, de l'orgueil, et toujours de l'humour.
Des années de psy, et encore de la résilience, de l'oubli, de l'orgueil, et toujours de l'humour.
A chaque nouvelle épreuve, tu t'es battue, tu t'es relevée. Vivante. Survivant à tout. Tu te dis que rien ne peut jamais te détruire, tu es une survivante. Pas en survie, non. Toi, tu as vaincu la mort. Tu es le Christla ressuscitée!
Orgueil, disais-je, orgueil et humour.
Mais la vie, cette chienne*, se charge de te rattraper.
Elle te frappe au cœur.
Beaucoup moins de résilience, pas d'oubli, plus d'orgueil, et ...
encore de l'humour, un peu.
*Life is a bitch, and then you die.
I also like Life sucks til it stops, the life, not the sucking.
En écrivant ces mots, je pense à celles & ceux qui mettent en mots et partagent leurs chemins de vie, avec leurs embûches et leurs joies. Merci à vous. Vous lire m'enrichit. Tu peux les rencontrer ici ou là. Et si tu aimes la vie comme je l'aime, vas rendre visite à Pernelle, Baboushka , Opale, ou Mawyl. Attache bien ta ceinture, ça va secouer!
Chaque année à cette époque il est d'usage de formuler des vœux.
Les usages, ça fait une jolie longue lurette que j'avais décidé de m'asseoir dessus, préférant toujours guider mes actes et mes rapports avec autrui en me fondant sur les valeurs de respect, de tolérance & d'amour, plutôt qu'en reproduisant sans réfléchir et avec hypocrisie des usages convenus.
Le fin vernis social qui me restait, avait explosé et disparu en même temps que ma vie changeait brusquement.
Depuis j'hiberne & je me contrefiche encore plus de ces usages.
Aujourd'hui, je réapparais peu à peu à la civilisation.