Wednesday, September 25, 2013

No man is an island...



No man is an Island, entire of itself; 
every man is a piece of the Continent, a part of the main; 
if a clod be washed away by the sea, Europe is the less, as well as if a promontory were, as well as if a manor of thy friends or of thine own were; 
any man's death diminishes me, because I am involved in Mankind; 
And therefore never send to know for whom the bell tolls; 
It tolls for thee.
John Donne,  Meditation XVII 
English clergyman & poet (1572 - 1631)   

Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; 
tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; 
si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; 
la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ;
 aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne.


Bon, ça y est! J'ai fini d'étaler ma culture...
Mais vous avez remarqué au passage que John Donne, il ne faisait pas les choses à moitié le bonhomme! Deux citations majeures de la culture anglo-saxonne à lui tout seul et dans le même passage écrit avec ses petites mimines! (Mais oui, j'y étais... Si, si j'ai tout vu, je peux le jurer.)

Bref, tout ça pour illustrer une pensée qui m'est venue en écrivant ceci.

On croise (j'ai croisé) souvent des personnes qui nous marquent, qui nous touchent et bien souvent, on ne leur dit pas combien elles ont été importantes pour nous. 
Nos vies s'entrechoquent, s'entremêlent.
Les évènements qui nous touchent, touchent aussi par ricochet, les personnes qui nous entourent bien sûr, mais aussi parfois de parfaits inconnus.

Récemment, je suis allée rendre hommage à un ami. 
Je l'avait rencontré par le biais d'une amie commune. Beaucoup de choses ont été dites à son sujet, sur son fichu caractère, sa passion, son métier, son humanité. J'aurais pu les dire aussi et en dire d'autres encore. 
Ce soir, je veux juste lui dire merci d'avoir traversé ma vie.


Il y un inconnu qui a croisé ma vie il n'y a pas si longtemps. Rien ne laissait penser que l'on serait amenés à se rencontrer, encore moins qu'on pourrait se revoir. 
Alors, tout de suite, je lui ait dit merci. Avant d'oublier de le faire...
Merci d'être allé chercher mon enfant, là-haut dans la montagne.
Puis finalement je l'ai recroisé...
Cet homme qui avait passé tant de temps au service du secours en montagne a décidé de tourner la page... Il a choisi une nouvelle voie et de nouvelles aventures.
Est-ce la mort de mon fils qui a été le déclencheur? Cet évènement-là, si privé, a-t-il bouleversé l'existence d'un parfait inconnu?
Je ne le saurais jamais... (et tant mieux!)


A toutes celles & ceux que je ne peux pas citer ici, 
croisés pour quelques minutes, heures ou années, 
ceux qui sont là, ceux qui n'y sont pas, 
ceux que je croise virtuellement...
A vous tous qui enrichissez ma vie, 

MERCI !

No man is an island...








Monday, September 23, 2013

Tu es celui...

Trouvée ici


Tu es celui qui m'accompagne depuis ma naissance, même si je n'en ai aucun souvenir...

Non, mon premier souvenir date de mes quatre ans et demi.
Tu es celui qui venait quotidiennement m'administrer un traitement dont je ne me souviens plus très bien. Mais je me souviens que tu es celui qui m'a dit avec un sourire qui illuminait ton regard : "Si cette toux ne passe pas, on t'emmènera faire un tour en avion."
Les antibiotiques ont dû faire effet et avoir finalement raison de ma coqueluche, car mon baptême de l'air ne fut pas pour cette fois-là...

Tu es celui qui m'a permis de passer au travers de mes années d'adolescence sans (trop de) casse...
A chaque nouvelle blessure (et il y en a eu pas mal!), une radio (toujours), un plâtre (parfois) et (souvent) l'ordonnance pour la réduc chez le kiné...

Tu es celui qui m'a prescrit une pilule du lendemain, évitant à la jeune fille de 19 ans que j'étais alors, de se retrouver potentiellement dans une situation de grossesse non-désirée. A cette occasion, tu fus celui qui m'envoya consulter un gynécologue pour la première fois...

Tu es celui que j'avais rencontré le matin via SOS Médecin et qui sonna à ma porte le soir en me disant: "Je suis revenu Mademoiselle, parce que là, vraiment je ne peux pas vous laisser toute seule comme ça. Vous permettez que j'appelle votre mère?" (C'était juste une varicelle... à 24 ans!)

Tu es celui qui m'a aidée à conserver ma santé pour pouvoir mettre au monde mes enfants...

Tu es celui qui a soigné, pesé, mesuré, vacciné mes trois fils...

Tu es celui qui a accompagné ma belle-mère, et nous, sa famille, jusqu'au bout de sa vie, lui permettant de mourir à la maison...

Tu es celui qui a recousu et plâtré mes trois fils. A chaque fois, on en a bien rigolé, il n'y avait pas mort d'homme...

Tu es celui qui nous a écoutés et soutenus quand il y a eu mort d'homme...

Tu es celui qui m'écoute encore et qui me permet de tenir debout sans que je ne me shoote à autre chose que le café que tu me sers quand j'ai juste besoin de parler...

Tu es un homme. 
Tu es une femme. 
Tu es jeune. 
Tu es vieux. 
Tu es Français, Vietnamien, Libanais...
Tu es "installé". 
Tu es remplaçant.

Mais surtout... tu es irremplaçable!
Toi, mon médecin de famille.

C'est ma façon de te dire MERCI !
Parce que moi non plus, je ne veux pas être #PrivésDeMG !

Voir ici aussi...

 



Sunday, September 8, 2013

(Pré)histoire...

Willendorf
Vénus de Willendorf, trouvée ici


When my son died, I was so lost I had to go into my own past to try to find myself again.

I had spent the 25 first years of my life being a daughter. The following 20 years being a mother.
It was about time to start to find out who I could be...

Here's what I wrote then:

I like to discover new things, new writers, new songs, new movies, new exhibits, new places… 
I'm always curious and eager to improve my knowledge of the world I live in.
I don't want to be only a mother who has lost a child. 
I'm more than that. 
I'm me, that all...



"Tu as des enfants?"
Cette question anodine (?) est posée par une femme, toujours, jamais par un homme.

"Tu as des enfants?"
La première fois que l'on me l'a posée après la mort de mon fils, j'ai fondu en larmes à la grande consternation de mon interlocutrice rencontrée à la soirée d'anniversaire d'une amie commune.
J'ai résisté à l'envie de m'enfuir en courant et je me suis reprise. Autour de nous il y a eu un grand silence juste au moment ou je tentais de lui dire sans trop pleurer que mon fils était mort quelques mois plus tôt.
"Mon fils est mort."
Une petite phrase efficace pour faire retomber l'ambiance...

"Tu as des enfants?"
Je m'y étais préparée.
Stratégie, stratégie, m'étais-je dit...
Je vais commencer par parler du plus jeune, longtemps. Mon fils, sa vie, son œuvre, en long, en large et en détails.
Puis je parlerai du deuxième, tout en guettant des signes de fatigue chez mon interlocutrice.
Avec un peu de bol, arrivée-là, elle se sera lassée et je pourrai habilement embrayer avec la question retour : "Et toi, ils font quoi tes enfants?"
Pas de bol, je suis tombée sur la seule fille capable de ne pas s'ennuyer à l'énumération interminable des activités passionnantes de mes enfants...
"Attends, tu ne m'as pas dit ce que faisait ton aîné..."
Et comme les autres conversations autour de nous étaient retombées, tout le monde m'a entendu répondre : "Mon fils est mort."
Panique de l'hôtesse de soirée...
"On passe à table?"

"Tu as des enfants?"
 Le plan A a raté, Plan B.
Je vais le dire tout de suite, puis je vais enchaîner sur mes deux autres enfants.
"Monfilsaînéestmort,sonfrèreestentermi..."
Pas eu le temps de finir la phrase, là, c'est l'interlocutrice qui a fondu en larmes...

"Tu as des enfants?"
Cet été encore...

Pourquoi toutes ces jeunes femmes que je rencontre, qui ont l'air ouvertes, sympas, dynamiques, qui sont capables de parler passionnément de leur métier, de leurs loisirs, qui prennent des positions politiques pour la cause des femmes,
pourquoi donc ces femmes se (me) renvoient encore cette question* qui les (nous) réduit à leur (notre) seul rôle de mère?

"Tu as des enfants?" 
 A chaque fois maintenant, je me récite intérieurement :
I like to discover new things, new writers, new songs, new movies, new exhibits, new places… 
I'm always curious and eager to improve my knowledge of the world I live in.
I don't want to be only a mother who has lost a child. 
I'm more than that. 
I'm me, that all...


"Tu as des enfants?" 
Cette question, je l'ai posée moi aussi. Avant. 

Maintenant, je pense à toutes celles pour qui la maternité est, ou a pu être, une source de souffrance. 
Celle qui n'a pas pu avoir d'enfant,
Celle qui n'a plus de nouvelles des siens, 
Celle qui a un enfant handicapé, 
Celle qui est endeuillée par la mort de son enfant,
Celle qui ...

All these experiments and encounters have taken away my sharp edges. I feel smoother and yet at the same time stronger, like a polished stone.

*Les hommes ne se posent pas cette question entre eux, et on ne l'a jamais posée à mon mari.


Friday, September 6, 2013

Petit conte, pas de fées, mais très mathématique...

De l'imperceptible & subtile alchimie des liens.


Cette histoire commence comme toutes les histoires.
Il était une fois, il y a bien longtemps, un (très) jeune homme et une (encore plus mais pas trop) jeune fille.
Ils se rencontrèrent, il tenta bien un peu de la séduire, elle se dit que non, décidément, ça ne le faisait pas...
Le temps passa. Finalement, ils décidèrent d'un commun accord qu'il serait comme son frère et qu'elle serait comme sa sœur.  
(Non seulement, ils étaient très jeunes mais chacun devait considérer alors, que trois frères, ce n'était pas assez, ni même quatre sœurs!!)

1 + 1

Les années passèrent...

Elle se maria, avec un autre, et eut un fils.
1 + 1 + 1 = 3
Il se maria, avec une autre, et eut une fille.
1 + 1 + 1 = 3
Elle eut un deuxième fils. L'année suivante, elle eut un troisième fils. 
3 + 1 + 1 = 5
Cette même année, il eut une deuxième fille. Quelques années passèrent et il eut un fils à son tour. 
3 + 1 + 1 = 5



Ils continuèrent à se voir, l'un, l'autre, les uns et les autres, les filles des uns, les fils des uns et des autres. 
Parfois, ils pouvaient être voisins et ne presque jamais se voir.
Parfois, ils se voyaient régulièrement.
L'époux de l'une appréciait la compagnie de l'un, et de son épouse.
L'épouse de l'un appréciait la compagnie de l'une, et de son époux.
(Vous me suivez toujours, là?)


Imperceptiblement, ils commencèrent à passer des vacances ensemble, pas tous les ans, ni régulièrement.
5 + 5 = 10
Au fil des ans, à cette bande déjà conséquente, se joignirent la belle-sœur de l'un, puis l'amie de son épouse.
10 + 1 + 1 = 12

Les années passaient et à chaque fois que cette bande se reconstituait pour une semaine ou deux, elle était toujours étonnée de la facilité qu'ils avaient tous à vivre ensemble, les uns "sur" avec (!) les autres, mais sans jamais qu'aucun ne se sente étouffé, l'intimité de chacun, étant préservée; le plaisir de se retrouver restant à chaque fois intact.
Quelle subtile et imperceptible alchimie stabilisait ce mélange assez improbable?


Puis, un de ceux-là s'en alla voir de trop près les nuages...
5 - 1 = 5 
(Non, ce n'est pas une erreur de calcul...)


Il y eut des étés avec et des étés sans...
Cet été était un de ces étés avec. Avec ces vacances ensemble.
Avec ce plaisir de se retrouver, même si cette année des liens avaient bougé...

(4 + 1) + 1 + 1 + (5 - 1) 
 Image du caractère