Tuesday, October 28, 2014

Fils du vent


Détail de "La naissance de Vénus" de Botticcelli

Toi, tu es le fils du vent.
Et depuis septembre, tu es dans ma classe. Assis au premier rang. Sans cesse, je te cherche du regard.
Tu es insaisissable.
Tel un souffle de vent, tu t'échappes, tu tourbillonnes. Un instant ici, l'autre déjà loin, ailleurs.

Je dois rendre lundi un imprimé très détaillé et très officiel qui décrit ton comportement à l'école.
Comment te résumer dans ces petites cases étroites? Toi, le fils du vent! Peut-on t’attraper, te décrire?
Comment résumer tes pensées et tes angoisses qui transparaissent parfois dans ce que tu dis? Comment dire la richesse de ton imagination? 
Comment avoir le temps de t'entendre, toi qui souffles à contre-temps?

Face à toi, fils du vent, pas de chance si on essaye d'être l'adulte solide comme le chêne, tu t'enfuis ou bien tu bouscules. Tu ébranles les certitudes. Jusqu'à présent, l’École n'a pas toujours su se laisser traverser par ton grand coup de vent frais...

Face à toi, fils du vent, mieux vaut essayer d'être le roseau qui plie et se laisse caresser.
Comment dire l'intimité que tu crées quand tu te laisses aller à caresser l'ongle de mon pouce, dans un geste compulsif de tout-petit?

J'essaye de construire une passerelle pour aller vers toi. Tâche peu aisée dans les rafales. Le fil qui nous relie me semble être celui d'une araignée, invisible, ténu.
J'ai la sensation d'être une exploratrice en terre inconnue. Rien, dans ton paysage, ne ressemble à ce que j'ai pu connaître ailleurs. J'ai donné cette image à ton papa, lui suggérant de se mettre dans la peau d'un explorateur lui aussi...
Comment faire bonne figure face à ce grand gaillard aux yeux soudain embrumés? 
Comment (re)construire la confiance que tes parents ont perdue? 

Beaucoup de questions dans ce qui précède, les doutes que j'essaye de formuler pour m'éviter de m'enfermer dans des certitudes.
Et pour éviter de t'enfermer dans des cases que l’Éducation Nationale fige trop souvent pour trop longtemps.

Des questions, mais aussi le plaisir d'être au quotidien, l'exploratrice, le roseau, la tête folle dans le vent...

Hide & seek



Quand j'allume mon ordinateur, j'aime ouvrir les marque-pages dans des dizaines d'onglets que je referme un à un, si rien n'accroche mon intérêt. J'ai l'impression de feuilleter un magazine que je me serais créé sur mesure.
J'ai beaucoup fréquenté les sites, blogs et réseaux l'année dernière. J'y ai trouvé du confort et même du réconfort, surtout sur Twi**er.
Souvent je surfe "en sous-marin", je lis mais je ne me manifeste pas. We're only like ships that pass in the night, comme disent les Anglais, grands navigateurs. 

Cet été, j'ai eu une overdose. Trop de virtuel. Pas assez de réel. Pas assez de temps pour lire des romans. Pas assez de temps pour faire plus que se frôler. 
J'ai eu l'impression de jouer à cache-cache. Cache-cache avec toi, mais surtout avec moi-même.

La rentrée, 20 nouveaux petits élèves à rencontrer. 20 des neuf milliards de continents de Pernelle vers lesquels j'ai envoyé des passerelles.
Et depuis peu, l'envie est revenue de revenir par ici. De tisser des passerelles virtuelles.

J'ai déjà dit comment ce monde s'est ouvert à moi dans une période particulière de ma vie. Depuis, certains sites ont disparus et d'autres ont fait leur apparition.

J'aime qu'on me propose des liens sur les sites que je fréquente, je partage donc une partie des miens dans la liste de droite.
J'en ai profité pour faire un peu de rangement sur le blog en regroupant les articles par libellés.

Certes, nous ne faisons que nous croiser, nous frôler. Mais j'aime sentir ta chaleur.
Bonne lecture!